mercredi 9 février 2011

Nomihodai... Nomi-quoi ?

Tout ceux qui ont un jour été étudiants et ont vécu dans un minuscule appartement une partie de leur vie s'en sont rendus compte... Difficile d'inviter ses amis à faire la fête dans un appartement de 10 m2. Un dilemme que les japonais, étudiants comme plus vieux connaissent aussi puisque la taille moyenne des appartements à Tokyo est de …. Alors quels choix ? Être associal, inviter une personne à la fois... ou, tout simplement, trouver un lieu plus vaste avec une table, des chaises, de quoi manger et, encore mieux, de quoi boire. Car boire est ici une institution, la bière et le saké tenant la corde au rang des alcools les plus appréciés... Ou comment l'une des premières choses que l'on vous apprend en cours de japonais est « Sake o nomimasu »... (traduire par « Je bois du saké » ou « je bois de l'alcool », puisque saké signifie aussi bien l'acool de riz célèbre que l'alcool tout court en Japonais.)

 Le kanji du Saké

Les restaurants japonais ont bien compris leur intérêt et une véritable offre de lieux servant à manger s'est instaurée avec différentes formules. Il y a ainsi trois formules majeures à retenir. Le Tabehodai/All you can eat, ou tout ce que vous pouvez manger, le Nomikai/All you can drink, ou tout ce que vous pouvez boire, et le Nomihodai qui combine ces deux formules, proposant le plus souvent un Nomikai et un assez grand nombre de plat pour absorber la quantité d'alcool avalée... En fonction des chaînes de restaurant, du prix ou encore des jours de la semaine, ou du quartier (Ginza le quartier chic de Tokyo, n'offrant pas les mêmes services que Takadanobaba, le quartier étudiant) les offres sont très différentes... allant de l'innocent Sweet Paradise qui vous permet de manger autant de gâteaux et de glaces que vous voulez pendant 1h30 pour environ 1500 ¥, au plus trash nomihodai où la bière coule à flot et la nourriture est en service libre (environ 2000 ¥ pour 2h).



 Quelques exemples d'enseignes

Si les étudiants en sont friands et s'y rendent avec leurs amis, leurs clubs et même parfois leur famille, les adultes ne sont pas en reste. De nombreux japonais s'y rendent avec leurs collègues et même leurs supérieurs. À cela près que tous n'y vont pas avec le même but... Les étudiants y vont avant tout pour s'amuser et boire (les deux allant étonnamment souvent ensembles), alors que le nomihodai peut prendre visage de réunion de travail entre collègues... D'après un français expatrié que j'ai pu rencontrer, de nombreuses décisions dans les entreprises sont prises durant ce genre de rencontre. Ce qui n'empêche pas les adultes de s'y rendre aussi entre amis pour s'amuser et boire, bien entendus, notamment à la fin de l'année.


 Une Izakaya

Difficile de décrire exactement ce qui se passe dans ce genre de rencontres... Si les conventions sont simples entre amis, où le seul et unique but est de rire et de boire, il arrive que tout se complique en présence de personnes plus âgées, les « sempaïs », nom donné à toute personne plus expérimentée dans un certain domaine de compétence. C'est le cas par exemple dans les nomihodais organisés par les clubs qui invitent souvent des anciens membres... Les conventions sont nombreuses, comme le fait que le plus jeune doit toujours s'assurer que le Senpaï ne manque de rien, ou le fait qu'il est mal poli de dire non quand quelqu'un propose de vous reremplir votre verre de bière pour la quinzième fois consécutive... Conclusion, si vous voulez pouvoir survivre, buvez par toutes petites gorgées pour ne pas finir votre verre trop rapidement. Cependant, être « gaijin », le mot japonais pour « étranger », vous permet de passer outre certaines de ces conventions... Certaines, seulement, puisqu'il est d'usage de faire une petite présentation de soi (avec une mention particulière pour l'usage du japonais), voire de chanter un chanson... Le truc étant de ne pas trop boire pour pouvoir tenir debout au moment où son nom sort et d'avoir une chanson que l'on est capable de chanter à tout moment. Cette fois, être « gaijin » s'avère un peu plus compliqué puisque les questions affluent... et qu'il est difficile d'expliquer en trois mots en quoi France et Japon diffèrent... mais c'est toujours assez amusant de découvrir ce que l'on pense de votre pays.

Nomihodai, tabehodai et nomikai sont monnaies courantes au Japon et appartiennent à la culture japonaise. Les japonais vont environ une fois par mois au nomihodai, les hommes étant les plus grands habitués. Si l'omniprésence de l'alcool, notamment dans les Nomihodai et Nomikai, peut incommoder, il est très intéressant de s'y rendre au moins une fois. Et avec des japonais. Parce que vous découvrirez un autre visage de vos amis/collègues (peut-être du fait des quatre verres de bière qu'ils viennent de s'enfiler qui les aident à se désinhiber... mais c'est un autre sujet) et que cela reste avant tout un moment très convivial et, d'une certaine manière, très traditionnel.

Marièke POULAT

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire